La Morbiflette : le plat d’hiver jurassien qui réinvente la tartiflette
Parmi les plats hivernaux qui réchauffent le cœur et rassemblent autour de la table, la tartiflette occupe une place de choix. Mais dans le Jura, elle se décline avec une touche locale irrésistible : la Morbiflette. Ici, le Reblochon cède la place au Morbier, fromage emblématique de la région, reconnaissable à sa fine raie cendrée qui traverse sa pâte tendre et parfumée.
Résultat : un gratin généreux, crémeux, légèrement fruité, avec une pointe fumée qui fait toute la différence.
Plus qu’un simple plat, la Morbiflette est une véritable déclaration d’amour au terroir jurassien. Elle marie la gourmandise des pommes de terre, le fondant du Morbier et le parfum réconfortant des lardons fumés, pour créer une expérience gustative unique. C’est le plat idéal pour les longues soirées d’hiver, les repas en famille ou les dîners entre amis, où le partage est au cœur de la table.
Le Morbier : un fromage d’histoire et de caractère
Le Morbier tire son nom du village éponyme, situé dans le Haut-Jura. Son origine remonte à plus de deux siècles, à une époque où les conditions climatiques et logistiques imposaient des méthodes ingénieuses pour conserver le lait.
Les fromagers avaient l’habitude de fabriquer le fromage en deux étapes : le matin, le caillé issu de la première traite était versé dans un moule, recouvert d’une fine couche de cendre végétale pour le protéger des insectes et de la poussière, puis le soir, le caillé de la seconde traite était ajouté par-dessus. Cette couche noire, devenue aujourd’hui décorative, est restée l’un des symboles visuels les plus reconnaissables du fromage français.
Le Morbier est un fromage à pâte pressée non cuite, au lait cru de vache. Il développe des arômes fruités, parfois légèrement lactés, avec une texture souple et fondante. Affiné entre 45 et 70 jours, il séduit autant les amateurs de fromages doux que ceux en quête de saveurs affirmées.
Ingrédients pour 4 personnes
- 1 kg de pommes de terre (type chair ferme : Bintje, Charlotte ou Amandine)
- 200 g de lardons fumés
- 1 gros oignon (ou 2 moyens)
- 400 à 450 g de Morbier (au lait cru de préférence)
- 20 cl de crème fraîche (épaisse ou liquide, selon préférence)
- 1 verre de vin blanc du Jura (Savagnin ou Chardonnay) – facultatif mais vivement conseillé
- Sel et poivre du moulin
Astuce légère : remplacez la moitié de la crème par du lait pour un plat moins riche.
Préparation pas à pas de la Morbiflette
1. Préparer les pommes de terre
- Épluchez-les, rincez-les et coupez-les en rondelles régulières d’environ 5 mm d’épaisseur.
- Faites-les précuire dans une casserole d’eau bouillante salée pendant 10 minutes. Elles doivent rester légèrement fermes.
- Égouttez et réservez.
2. Préparer la garniture
- Émincez finement l’oignon.
- Dans une poêle chaude, faites revenir les lardons sans ajout de matière grasse.
- Ajoutez l’oignon et laissez-le fondre doucement jusqu’à légère coloration.
- Si vous utilisez le vin blanc, versez-le pour déglacer la poêle et laissez réduire pour concentrer les arômes.
3. Monter la Morbiflette
- Préchauffez le four à 180 °C (th. 6).
- Dans un plat à gratin, disposez la moitié des pommes de terre.
- Salez légèrement (attention, les lardons et le Morbier apportent déjà du sel) et poivrez.
- Répartissez le mélange lardons-oignon, puis recouvrez avec le reste des pommes de terre.
- Versez la crème fraîche uniformément sur la surface.
- Coupez le Morbier en deux dans le sens de la longueur pour séparer la raie cendrée, puis en tranches fines.
- Disposez les tranches sur le dessus, croûte vers le haut ou vers le bas selon vos préférences.
4. Cuisson
- Enfournez pour 20 à 25 minutes.
- Pour un gratin plus gourmand et doré, passez 2 minutes sous le grill en fin de cuisson.
5. Service
- Servez bien chaud, avec une salade verte légèrement vinaigrée pour apporter fraîcheur et contraste.
Astuces de chef pour une Morbiflette parfaite
- Choisissez un Morbier fermier : il aura plus de caractère et de complexité aromatique.
- Privilégiez les pommes de terre à chair ferme pour éviter qu’elles ne se délitent à la cuisson.
- Maîtrisez le sel : le fromage et les lardons apportent déjà une bonne dose de salinité.
- Ajoutez un élément croquant : quelques noix concassées par-dessus juste avant le service apportent texture et gourmandise.
Tableau d’accords mets-vins
| Type de vin | Appellation | Arômes clés | Accord |
|---|---|---|---|
| Vin blanc sec et fruité | Chardonnay du Jura | Pomme, noisette | Adoucit le goût du Morbier |
| Vin blanc de caractère | Savagnin | Noix, épices | Écho parfait à la complexité du fromage |
| Vin rouge léger | Poulsard | Fruits rouges, épices douces | Apporte rondeur et fraîcheur |
| Vin oxydatif | Vin Jaune | Curry, noix, fruits secs | Pour les amateurs de sensations fortes |
Variantes gourmandes
- Version végétarienne : remplacez les lardons par un mélange de champignons de saison (girolles, pleurotes) poêlés au beurre.
- Version festive : ajoutez des éclats de châtaignes ou des lamelles de truffe juste avant d’enfourner.
- Version express : utilisez des pommes de terre déjà cuites à la vapeur pour réduire le temps de préparation.
Conservation et réchauffage
- Au réfrigérateur : jusqu’à 48 h dans un récipient hermétique.
- Réchauffage : au four à 160 °C pour préserver la texture fondante du fromage, ou au micro-ondes pour un service rapide.
- Astuce anti-gaspillage : les restes peuvent être transformés en petites galettes de pommes de terre au Morbier, dorées à la poêle.
La Morbiflette : plus qu’un plat, un symbole du Jura
Chaque bouchée de Morbiflette raconte une histoire : celle des pâturages d’altitude, des hivers enneigés et des repas chaleureux pris autour d’une grande table. C’est un plat qui rassemble, qui réconforte, et qui met en lumière un savoir-faire fromager unique.
Pour un résultat authentique, choisissez un Morbier au lait cru et accompagnez le d’un vin jurassien de caractère.
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